mardi 15 juillet 2008

Juif rescapé du ghetto de Varsovie Bronisław Geremek était le fils d'un rabbin

Par Dan Assayah à Paris
in israel valley

En Israël le fait que Bronisław Geremek était le fils d’un Rabbin a été mentionné de nombreuses fois par ceux qui le connaissaient. Issu d’une famille juive, il fut parqué avec sa mère dans le ghetto de Varsovie. Son père mourra à Auschwitz, lui s’en sortira. IL avait rompu avec le communisme lors de la campagne antisémite de la fin des années soixante en Pologne.

SA BIO : Il était un professeur d’histoire, un homme politique polonais, né à Varsovie le 6 mars 1932 et mort le 13 juillet 2008 près de Lubień (à Nowy Tomyśl, Pologne). Rescapé du ghetto de Varsovie dont il a réussi à échapper en 1943, Bronislaw Geremek entre en 1950 au Parti ouvrier unifié polonais (communiste, au pouvoir) et y restera jusqu’en 1968.

Il étudie en France en 1956-57, à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes. Fin 1962, il prend la direction du Centre de civilisation polonaise qui vient d’être créé à la Sorbonne, qu’il conservera jusqu’en 1965. Dans ces années-là, il rejoint le courant dit « révisionniste » du Parti communiste français.

A l’époque marxiste convaincu, il prend toutefois ses distances avec les partis communistes quand les chars soviétiques mettent fin au printemps de Prague. De 1965 à 1980, il enseigne à l’université de Varsovie. Passé dans l’opposition et devenu membre du Comité de défense des ouvriers (KOR), il assiste aux grandes grèves de Gdansk en 1980 et rejoint le mouvement syndical Solidarność. Il y incarne le collectivisme autogestionnaire antistalinien. Il se lie aux milieux intellectuels catholiques et devient conseiller personnel de Lech Wałęsa. Á la suite du coup d’État du général Jaruzelski en 1981, il est emprisonné durant deux ans et demi.

En 1989, lors de l’effondrement des régimes communistes d’Europe centrale, il devient député au Parlement polonais (Sejm) et ministre des Affaires étrangères de 1997 à 2000 et, en parallèle, président de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe en 1998. Il est député européen depuis le 20 juillet 2004.

Après avoir été élu aux élections européennes de juin 2004 sous les couleurs de son parti, l’Union des libertés (Pologne) (UW), il présente sa candidature au poste de président du Parlement européen. Soutenue par les Libéraux et les Verts pour sa portée emblématique, sa candidature dérangeait la droite et la gauche du Parlement. Finalement, le 20 juillet 2004, c’est le socialiste Josep Borrell qui est élu avec 388 voix ; Geremek a obtenu 208 voix (alors que l’Alliance des démocrates et des libéraux pour l’Europe ne compte que 88 membres et les Verts qui le soutenaient 42 députés).

Ses activités politiques ne l’empêchent pas d’exercer un rôle important au sein du Collège d’Europe de Bruges et de Natolin : le campus polonais, créé en 1993 dans un ancien château près de Varsovie, sur le modèle de celui de Bruges qui prépare des étudiants en fin d’études, de nationalités différentes, aux carrières européennes. Il y dirige une chaire de la Civilisation européenne. En 1992-93, il assure au Collège de France un cours sur l’« Histoire sociale, exclusions et solidarité ».

Il a obtenu le Prix international Charlemagne d’Aix-la-Chapelle.

D’après la liste arrêtée au 11 novembre 2003, il est membre du Comité d’orientation scientifique de l’association fondée par Michel Rocard et Dominique Strauss-Kahn, À gauche en Europe.

Depuis 2004, il est vice-président du Conseil de surveillance de la Fondation pour l’innovation politique.

En 2006, il succède au professeur Henri Rieben comme président de la Fondation Jean-Monnet pour l’Europe. À ce titre, il préside à de régulières manifestations au siège de fondation à Lausanne, telle la remise de la médaille d’or à l’ancien chancelier allemand Helmut Kohl, le 25 janvier 2007.

En avril 2007, il refuse de se conformer à la loi de la lustration, imposant aux personnalités publiques de déclarer leurs éventuelles anciennes activités avec la police secrète communiste. Il est en conséquence menacé d’être déchu de son mandat de député européen. Bronisław Geremek avait pourtant lui-même voté une loi similaire qui date du 11 avril 1997 (sous le gouvernement de centre-gauche de Włodzimierz Cimoszewicz) et avait même signé sa déclaration en 2002 (obligatoire tous les 5 ans), précisant qu’il n’avait pas collaboré avec les services secrets. Au moment où il est venu étudier puis travailler en France, les services polonais exigeaient des ressortissants polonais quittant légalement le territoire qu’ils collaborent avec les services secrets, mais il est possible que cette collaboration n’ait jamais été effective.

La position de refus de Bronisław Geremek contre la nouvelle loi de lustration porte sur la procédure qui fait intervenir un institut indépendant dépositaire des archives de la police secrète, au lieu de reposer sur des procédures judiciaires plus habituelles, censées mieux garantir les libertés individuelles et les droits de la défense. De nombreuses personnalités et mouvements politiques européens ont apporté leur soutien à Bronisław Geremek. Mais certains membres, comme le britannique Daniel Hannan, le soupçonnent d’avoir voulu instrumentaliser la situation pour monter le parlement contre la coalition de droite au pouvoir.

Le 11 mai 2007, la Cour constitutionnelle de la Pologne a rejeté la majeure partie de cette nouvelle loi, et notamment la clause qui aurait obligé près de 700 000 personnes à signer des déclarations certifiant qu’elles n’avaient jamais collaboré avec les services secrets de l’ancien régime.

Il se tue dans un accident de voiture le 13 juillet 2008 dans l’ouest de la Pologne, près de Lubien.