J. Holub
Notre attention a été attirée par un flash d’information du CRIF [*], qui fait mention d’un article d’investigation, paru dans "Gazeta Wyborcza" [**], et dont rend compte "Courrier International" [***], sous la plume de J. Holub. Ce texte a le mérite de mettre, une fois de plus, en lumière l’antisémitisme virulent de l’ultra catholique Radio Mayja, jamais condamnée par la hiérarchie de l’Eglise locale. (Menahem Macina).
[*] Voir la revue de presse du CRIF, de ce jour.
[**] Lire la notice de presse que consacre "Courrier International" à ce journal polonais indépendant.
[***] Sous le titre "Rafal Maszkowski, Pologne, chasseur de mensonges"
Texte repris du site Courrier International
Rafal Maszkowski, 41 ans, informaticien et chercheur à l’université de Varsovie. Depuis dix ans, il consacre son temps libre à débusquer et dénoncer tous les mensonges de la haineuse et très catholique Radio Maryja, que ses ancêtres n’auraient pourtant pas désavoués.
Après avoir donné son bain à son fils Filip, Rafal Maszkowski s’assied à son bureau et allume l’ordinateur. Il enregistre les émissions de Radio Maryja [xénophobe, nationaliste et populiste] vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Puis, il écoute tout à vitesse accélérée. Il ralentit quand il trouve quelque chose d’intéressant. Le soir, cela lui prend quelques heures. Chaque soir. Jusqu’à tard dans la nuit.
Maszkowski choisit les extraits les plus forts, les archive et les met en ligne sur son site (radiomaryja.pl.eu.org). Parfois, il y ajoute ses propres analyses, comme "L’image des Juifs sur Radio Maryja", un texte qu’il avait écrit pour un trimestriel spécialisé dans l’histoire des Juifs.
« J’ai quelquefois l’impression que Radio Maryja est plus importante que tout le reste [pour mon mari] », avoue Wislawa, son épouse. « Mais c’est un bon père, il consacre beaucoup de temps à son fils. Mais j’ai peur qu’on colle une étiquette à notre fils, qu’on lui fasse des ennuis à cause de ce que fait son père. »
« Préféreriez-vous qu’il arrête de s’occuper du père Rydzyk [le fondateur et directeur de Radio Maryja] ? ».
« Quelle que soit la chose à laquelle il se consacrera, il le fera avec la même détermination, la même radicalité… »
Rafal Maszkowski, 41 ans, habite Piaseczno, dans la banlieue de Varsovie. Dans la journée, il est informaticien au Centre interdisciplinaire de modèles mathématiques de l’université de Varsovie. La nuit, il traque les mensonges de Radio Maryja. Il a enregistré des milliers d’heures d’émissions.
Sur son site, il présente les extraits qu’il a sélectionnés, sous plusieurs rubriques : "déviation idéologique", "xénophobie", "apologie de la violence". Il a ainsi réuni une documentation sur les publicités illégales de la station [c’est une radio non commerciale], sur sa propagande malhonnête, ses mensonges et ses violations de l’éthique journalistique.
« Selon cette radio, il existerait un plan secret visant à faire disparaître 23 millions de Polonais d’ici dix ans. Les auteurs de ce complot, ce sont les francs-maçons. Et les Juifs. Je n’ai pas encore découvert si c’étaient les Juifs qui manipulaient les francs-maçons, ou l’inverse, mais, de toute façon ils opèrent main dans la main, explique Maszkowski. Voilà le cœur de l’idéologie de Radio Maryja. »
Bogdan Biernacki, grand-père de Maszkowski, épicier de son état, était un nationaliste convaincu, tout comme son oncle, avocat, qui, avant la guerre, parcourait la Pologne pour appeler au boycott des commerces juifs, et avait écrit un ouvrage fondé, entre autres, sur les Protocoles des Sages de Sion.
Maszkowski est né en 1967 dans la ville de Szczecinek, en Poméranie occidentale. Sa mère était institutrice à l’école primaire locale, son père, réparateur de téléviseurs. Dans les années 1980, il déménage à Torun [la ville d’où émet Radio Maryja] pour étudier l’astronomie. Le campus se trouve à deux pas de la station de radio. A la fin des années 1980, Maszkowski travaille dans une imprimerie et milite dans les syndicats étudiants clandestins. Jugé en comparution immédiate en 1988, le jeune homme radical qu’il est demande qu’on lui inflige la peine de mort.
Il entend la voix du père Rydzyk pour la première fois en 1991.
« Au départ, c’était une radio religieuse comme les autres. J’étais même content d’entendre la première station privée de Torun », avoue Maszkowski.
Peu après, une fois sa maîtrise obtenue, il part travailler à l’Ecole polytechnique de Göteborg, en Suède, où il conçoit des programmes pour un grand radiotélescope.
« A mon retour au pays, Radio Maryja était déjà devenue puissant ». »
Maszkowski commence alors à enregistrer ses émissions.
La dernière opération de Rafal Maszkowski, intitulée « Donnez un tract à grand-mère », est conçue à l’adresse des pèlerins allant à Czestochowa, le sanctuaire de la Vierge noire. Ce tract fait état de tous les mensonges du père Rydzyk.
Et Maszkowski d’expliquer :
« On peut se le procurer sur Internet, l’imprimer et l’offrir à une grand-mère [l’essentiel du public de la radio], ou même à un jeune ayant le même problème [d’antisémitisme] qu’elle »,
Jacek Holub
Gazeta Wyborcza
Mis en ligne le 22 août 2008, par M. Macina, sur le site upjf.org
vendredi 22 août 2008
Un chercheur polonais dénonce les mensonges de la haineuse et très catholique Radio Maryja
Publié par lepolak à 16:00