Witold Pilecki (né le 13 mai 1901 à Olonets – décédé (fusillé) le 25 mai 1948 à Varsovie) – soldat et résistant polonais.
Si l’on affirmait qu’il y eut des gens qui se portèrent volontaires pour être internés à Auschwitz, personne ne le croirait. Et pourtant, le « Times » londonien, documenté par des archives polonaises récemment ouvertes, révèle que ce fut le cas de Witold Pilecky, seule personne connue à ce jour pour avoir demandé à entrer volontairement dans ce que fut l’Antre de l’Horreur. Son histoire est résolument à inscrire dans le livre de la bravoure et de l’héroïsme, lorsque l’on sait quelles étaient les conditions de « vie » dans ces camps, et quelles étaient les chances d’en sortir vivant.
Officier et résistant polonais né en 1901, Pilecky fut déjà décoré à deux reprises de la Croix Militaire après la guerre russo-polonaise de 1919-1920. En septembre 1939, après l’entrée des troupes de la Wehrmacht en Pologne, il se porta volontaire dans l’armée polonaise, avant de créer l’un des principaux réseaux de résistance : l’Armée Secrète Polonaise. En 1940, il proposait à ses supérieurs un plan d’une audace extrême : introduire des espions à l’intérieur même des camps de concentration, afin d’y collecter toutes sortes d’informations pour informer le monde entier sur ce qui s’y passe, et d’y organiser également des cellules de résistance parmi les déportés.
C’est sous le nom d’emprunt de Thomas Serafinsky qu’il fut introduit dans le camp d’Auschwitz où il devait rester deux ans et demi ! Une fois à l’intérieur, il se mit à l’œuvre et forma de nombreuses cellules de résistances composées chacune d’un maximum de cinq déportés, et dont chacune ignorait l’existence de l’autre, pour des raisons de sécurité. En 1940, le camp d’Auschwitz « n’accueillait » pas encore beaucoup de Juifs, mais principalement des résistants. Mais dès l’année 1941-1942, Pilecky vit arriver les convois de sinistre mémoire, découvrit l’existence des chambres à gaz, et assista aux débuts de la Solution Finale. Avec ses amis, il réussit à faire passer des messages à la Résistance polonaise, à destination des journaux et des radios en Occident, afin d’alerter le monde sur ce qui était en train de se perpétrer. Il proposait également des plans d’action militaires pour stopper ou freiner la machine de mort nazie. C’est ainsi qu’en mars 1941, un rapport précis était transmis au gouvernement britannique, qui le trouva… largement exagéré » !!
En 1943, lorsqu’il eut compris que les puissances alliées n’avaient aucunement l’intention de bombarder les camps, Pilecky décida de s’enfuir avec deux de ses amis, non sans avoir envoyé un nouveau rapport extrêmement détaillé au Gouvernement de Sa majesté (v. référence en fin d’article). Il s’était juré que les documents en sa possession arriveraient à Londres et New York. Les cellules qu’il avait créées continuèrent à fonctionner à Auschwitz, collectant des preuves qui servirent après la guerre lors des différents procès.
Après son retour à Varsovie, il continua son action au sein de la résistance, et participa à l’Insurrection de Varsovie en août 1943, lancée par l’Armée Secrète Polonaise (Armia Krajowa) contre les SS. Après l’échec de l’insurrection, il fut fait prisonnier de guerre jusqu’à la capitulation allemande.
En 1945, après la Libération, Pilecky entama un autre combat : il s’engagea dans le 2e Corps de l’Armée Polonaise, affilié à l’Armée britannique. Voulant utiliser ses dons et son expérience dans le Renseignement, les Britanniques l’envoyèrent espionner dans les rangs de l’Armée russe qui occupaient tout le territoire polonais depuis la fin de la guerre. Mais en 1946, lorsque le gouvernement polonais en exil à Londres décida pour des raisons politiques de stopper toutes les actions clandestines, Witold Pilecky refusa de plier et poursuivit son activité pour dénoncer les crimes communistes contre les résistants polonais.
Hélas, il fut arrêté en mai 1947 par les Services de Sécurité Intérieure, soumis à une parodie de procès typiquement communiste, accusé « d’activité subversive contre l’Etat et de collaboration avec l’impérialisme occidental ». Il fut condamné à mort un an plus tard, et fut fusillé en mai 1948 dans une prison de Varsovie. Durant toute la période communiste, les actions de Pilecky furent niées voire tuées par le pouvoir communiste, et ce n’est qu’en 1989 que son action héroïque fut réhabilitée !
Triste fin pour un homme d’un courage extrême, et qui mériterait que le peuple juif et Israël lui rendent hommage d’une manière ou d’une autre.
(Pour voir le Rapport de Pilecky – Eté 1943 : http://members.shaw.ca/escapinghell/rap-fr.htm )
par Shraga Blum
arouts sheva
vendredi 13 mars 2009
Un espion héroïque à Auschwitz
Publié par lepolak à 08:03