samedi 28 février 2009

STUTTHOF

En septembre 1939, les Allemands établirent le camp de Stutthof dans une région boisée, à l’ouest de Stutthof (Sztutowo), une ville située à quelque 35 kilomètres de Dantzig (Gdansk). La région était isolée : au nord, la baie de Dantzig, à l’est, la baie de la Vistule et à l’ouest la Vistule. Se trouvant au niveau de la mer, la région était extrêmement humide. Le camp était situé le long de la route reliant Dantzig et Elbing et menant à une station balnéaire très fréquentée de la mer Baltique, Krynica Morska.

A l’origine, Stutthof était un camp d’internement civil placé sous la tutelle du préfet de police de Dantzig. En novembre 1941, il devint un camp de «rééducation par le travail», administré par le Service de la Sécurité. En janvier 1942, Stutthof devint finalement un camp de concentration "ordinaire".




Les principaux camps nazis en Europe, janvier 1944
Autres cartes

Le camp d’origine (dit «l’ancien camp») était entouré de barbelés. En 1943, il fut agrandi et un nouveau camp construit le long du précédent, entouré d’une clôture de barbelés électrifiés. Le personnel du camp se composait de gardes SS et, après 1943, d’auxiliaires ukrainiens.

Plusieurs dizaines de milliers de personnes, peut-être 115 000, furent déportées dans le camp de Stutthof. Les prisonniers étaient principalement des Polonais non-juifs. Y étaient également internés des Juifs polonais de Varsovie et de Bialystok, ainsi que des Juifs des camps de travaux forcés des États baltes occupés, que les Allemands évacuèrent en 1944, à l’approche des forces soviétiques.



Décrit les conditions de vie dans le camp de concentration de Stutthof
Les témoignages





Les conditions de vie règnant dans le camp étaient particulièrement rigoureuses. De nombreux prisonniers moururent au cours de l’épidémie de typhus qui fit rage durant l’hiver 1942 et à nouveau en 1944. Ceux que les gardes SS jugeaient trop faibles ou trop malades pour travailler étaient gazés dans la petite chambre à gaz du camp. Le gazage au Zyklon B débuta en juin 1944. A l’infirmerie, les « médecins » du camp tuaient également les prisonniers malades ou blessés par des injections mortelles. Plus de 60 000 personnes moururent dans ce camp.



Stutthof


STUTTHOF : TRAVAUX FORCÉS ET SOUS-CAMPS

Les Allemands utilisèrent les prisonniers de Stutthof comme une réserve de main-d'œuvre servile. Certains prisonniers travaillaient dans des entreprises possédées par la SS, par exemple l’Usine d’équipement allemand (DAW), située près du camp. D’autres étaient employés dans des briqueteries locales, dans des industries privées, dans l’agriculture ou dans les ateliers du camp. En 1944, comme le travail effectué par les prisonniers des camps de concentration prenait de plus en plus d’importance dans la production d’armement, une usine d’avions Focke-Wulff fut construite à Stutthof. Par la suite, le système de Stutthof devint un vaste réseau de camps de travaux forcés ; 105 sous-camps furent créés dans le nord et le centre de la Pologne, dont les principaux furent Thorn et Elbing.

STUTTHOF : MARCHES DE LA MORT ET ÉVACUATIONS

L’évacuation des prisonniers du système concentrationnaire de Stutthof dans le nord de la Pologne commença en janvier 1945. Lorsque le départ définitif commença, on comptait environ 50 000 prisonniers, dont l’immense majorité étaient des Juifs. Quelque 5 000 prisonniers des sous-camps de Stutthof furent dirigés vers la côte de la Baltique, contraints à entrer dans la mer et abattus à la mitrailleuse. Les autres prisonniers, emmenés dans la direction de Lauenburg, dans l’est de l’Allemagne, furent interrompus par l’avancée des forces soviétiques. Les Allemands contraignirent les prisonniers survivants à retourner à Stutthof. Dans des conditions hivernales rigoureuses, traités sauvagement par les gardes SS, ils furent plusieurs milliers à trouver la mort durant cette marche.

Fin avril 1945, les prisonniers encore en vie furent évacués de Stutthof par voie de mer parce que le camp était entièrement encerclé par les forces soviétiques. À nouveau, plusieurs centaines de prisonniers furent contraints d’entrer dans la mer et abattus. Plus de 4 000 furent envoyés en Allemagne à bord d’un petit bateau, certains au camp de concentration de Neuengamme, près de Hambourg, d’autres dans les camps situés le long de la côte de la Baltique. Plusieurs se noyèrent en chemin. Peu avant la reddition allemande, des prisonniers furent transférés à Malmö, en Suède, et laissés aux bons soins de ce pays neutre. On estime que plus de 25 000 déportés, un sur deux, moururent pendant l’évacuation de Stutthof et des sous-camps.

Les forces soviétiques libérèrent Stutthof le 9 mai 1945 et libérèrent une centaine de prisonniers qui avaient réussi à se cacher lors de l’évacuation définitive du camp.