mercredi 4 mars 2009

Shoah : Scandale nauséabond en Allemagne


Un chercheur polonais spécialisé dans la Shoah accuse formellement une entreprise allemande encore en activité, d’avoir utilisé des cheveux de déportés dans sa production textile durant la guerre.

Jachek Lachendro, sous-directeur du Département de Recherche du Musée d’Aushwitz affirme que les usines « Schaeffler », qui fabriquent aujourd’hui notamment des pièces de rechange pour automobiles, ont participé à l’effort de guerre nazi, et utilisé des cheveux de 40.000 déportés gazés au camp d’Auschwitz dans l’une de leurs entreprises en Pologne. A la fin de la guerre deux tonnes de cheveux auraient été trouvées dans les entrepôts de l’usine qui se trouvait Kietzr, à trois heures de route d’Auschwitz. Dans une interview accordée au journal « Der Spiegel », Lachendro cite également les témoignages d’ouvriers de cette usine, qui indiquent qu’en 1943, deux trains de marchandises contenant des cheveux de déportés avaient été livrés à l’usine « Schaeffler » de Kietzr. Les chercheurs polonais y avaient d’ailleurs décelé des traces de « Zyklon B » les gaz de sinistre mémoire utilisé par les nazis dans les chambres à gaz.

Certains de ces cheveux sont « exposés » aujourd’hui au Musée d’Auschwitz, et Lachendro affirme posséder des documents officiels attestant les livraisons de cheveux à cette usine dénommée auparavant « Davistan AG», rachetée ensuite par les frères Schaeffler.

Suite au scandale qui a pris de l’ampleur, la dirigeante actuelle de « Schaeffler », Maria-Elisabeth Schaeffler, veuve de l’un des deux frères, a engagé un chercheur afin de retracer l’historique des événements et d’éclaircir le rôle de Wilhelm et Georg Schaeffler par rapport au IIIe Reich: « Davistan AG » appartenait à l’origine à une famille juive, qui avait dû fuir l’Allemagne après l’arrivée d’Hitler au pouvoir. Elle avait alors ouvert une nouvelle usine textile à Kietzr en Pologne. Après l’invasion de la Pologne par l’armée allemande, l’usine fut confisquée, et rachetée à très bas prix à une banque allemande en 1940 par Wilhelm et Georg Schaeffler, qui en élargissaient le domaine d’activité avec la fabrication d’armes et de munitions. Ceux-ci, à l’instar de nombreuses autres entreprises allemandes, employèrent pendant la guerre des travailleurs forcés français, polonais ou russes. Après la guerre, les frères Schaeffler avaient transféré leur usine de Pologne vers la Bavière, et avaient transformé leur société familiale en puissant groupe international.

Mais tant la direction de la compagnie que l’historien allemand, Gregor Schöllgen, nient formellement l’utilisation de cheveux de déportés dans la fabrication de produits textiles durant la guerre.

Ces relents de passé nazi ou pro-nazi des frères Schaeffler, arrivent à un très mauvais moment pour cette immense compagnie aux nombreuses ramifications, qui emploie aujourd’hui quelque 200.000 employés à travers le monde, mais qui est dans une situation financière catastrophique depuis son rachat l’an passé du géant du pneu « Continental », et vient de demander des aides urgentes auprès du gouvernement allemand.


par Shraga Blum
arouts sheva