Cet homme, c'est Shimon Srebnik. Vous l'avez peut-être aperçu dans le film Shoah de Claude Lanzmann. Il vient de s’éteindre, dernier survivant de Chelmno!
Etgar Lefkovits vient de raconter son histoire sur le site du Jerusalem Post
« Lorsque nous arrivâmes à Chelmno, les vieux commentaient, «Quel endroit merveilleux! », « Nous serons heureux ici !» « Comme c’est vert, les oiseaux chantent! », « Un vrai centre de cure ! »
Le cadre rupestre de Chelmno
« Je suis resté dans le « kommando des maisons ». « J’étais dans un baraquement avec Walter Bonmeister. Nous nous occupions de trier l’or et les biens des gens, les choses qu’ils avaient abandonnés, les valises. Il y avait une grande tente où les Juifs triaient les objets."
«Comment ai-je su que ma mère était arrivée à Chelmno ? Il y avait beaucoup de sacs à main, une montagne de sacs à main. Un jour j’ai trouvé dans un sac, des photos de ma mère et tout ses papiers. J’ai dit à Bonmeister : "Regarde, c’est le sac de ma mère."
"Oui, elle est au ciel", répondit-il."
"C’est celui de ma mère" dis-je. J’étais naïf!
"Je ne comprenais pas ce qu’il voulait dire par « ciel ».
Extrait du témoignage de Shimon Srebnik, dans les archives de Yad Vashem.
Dans une verte forêt du centre de la Pologne, dans la ville de Chelmno, à 77 km à l’ouest de Lodz, les Allemands construisirent le premier camp d’extermination en masse par le gaz. Entre Décembre 1941 et Janvier 1945, plus de 300 000 Juifs et 5 000 Gitans de Lodz et ses environs furent assassinés à Chelmno. Seuls trois survécurent.
Shimon Srebnik, habitait en Israël à Ness Ziona, il vient de s’éteindre à l’âge de 76 ans après un long combat contre le cancer. Srebnik qui avait perdu ses deux parents dans l’Holocauste, n’avait que 13 ans lorsqu‘il fût déporté à Chelmno depuis le ghetto de Lodz et astreint à enterrer les cadavres des victimes.
Dès son arrivée, Srebnik fût envoyé rejoindre un petit groupe de travailleurs esclaves de Chelmno, camp dont le cadre rupestre procurait de faux espoirs à ceux qui arrivaient des ghettos crasseux et infestés de maladies.
Comme le reste des prisonniers, Srebnik eut ses jambes immédiatement entravées - la longueur de ses chaînes était d’a peu près 40 centimètres - afin de prévenir toute tentative de fuite hors du camp qui était contrôlé par des Allemands en armes.
Les prisonniers étaient forcés de garder les chaînes 24 heures sur 24. Au cours des deux ou trois premiers mois, Srebnik monta des tentes et prépara les installations où sa propre mère devait être gazée jusqu’à ce que mort s’ensuive. Lorsque les convois de Juifs destinés à être exterminés vinrent à arriver régulièrement, Srebnik fût affecté à l’extraction des dents en or des cadavres.
Il fût aussi amené à faire diverses opérations de triage, avant d’être assigné aux enterrements.
C’est alors qu’il triait les biens personnels de certaines victimes, qu’il découvrit des photos ayant appartenu à sa mère et comprit qu’elle aussi avait été assassinée à Chelmno.
Lorsque les victimes arrivaient à Chelmno, elles étaient rassemblées sur la place du camp et averti que devant être envoyées dans un camp de travail, elles devaient commencer par se laver.
Des hommes attendent de monter dans les camions à gaz
Marchant au-devant de leur mort, les victimes étaient régulièrement rassurées par la vue de signaux indiquant des directions telles que «douche» ou «docteur», alors même qu’elles descendaient une rampe vers un camion à gaz.
Lorsque le camion était complètement rempli, le chauffeur refermait les portes et allumait le moteur du camion. Environ 10 minutes plus tard, les gaz avaient suffoqué tous les passagers.
Il y avait trois camions à gaz. Les gaz d’échappements entraient dans le camion par un grillage sur le plancher. Chaque camion embarquait 80 personnes. L’un était de plus grande capacité et pouvait en contenir 100. La distance de Chelmno à la forêt était de quatre kilomètres. Durant le trajet, le gaz entrait dans le camion
Un des camions à gaz
Lorsque l’on ouvrait les portes en arrivant, on pouvait voir que tous les morts s’étaient blessés. Tous, voulant vivre, s’efforçant de survivre s’étaient écorchés les uns les autres. C’était terrible.
Quand le camion atteignait les fours crématoires, deux personnes entraient. Les fours étaient déjà allumés.
Et quel feu ! Il y avait un grill dans le four. Ils mettaient une couche de bois par-dessus et allumaient, puis ajoutaient une « couche » d’êtres humains, puis une nouvelle couche de bois. Cela se passait ainsi tous les deux jours. Il fallait retirer les dents en or avec la chair autour. Moi, assis, je devais séparer l’or des chairs.
Ainsi qu’il est écrit sur le site web de Yad Vashem, en Janvier 1945, alors qu’approchait la fin de la guerre et que se rapprochaient les troupes Soviétiques, les Nazis évacuèrent Chelmno, qu’ils avaient commencer à démanteler quatre mois auparavant.
Les Allemands décidèrent de « liquider » le camp et ouvrirent le feu sur 48 derniers prisonniers Juifs, les tuant d’une balle dans la nuque.
Srebnik fut gravement blessé, mais, avec deux autres prisonniers, ils réussirent à s’échapper au cours d’une ultime insurrection des derniers prisonniers.
Srebnik parvint à trouver refuge chez un fermier Polonais, qui coupa ses chaines et prit soin de lui. Le jour suivant les Allemands offrirent une importante prime à qui leur livrerait Srebnik.
Mais les Polonais, qui craignaient désormais plus l’arrivée des Russes que les Allemands, ne le trahirent pas, et Srebnik put rejoindre les forces Russes. Après la guerre, il prit immédiatement la direction d’Israël. Dans une gare italienne sur son itinéraire, il faisait la connaissance de sa future femme.
Trente trois ans plus tard, en 1978, Srebnik reçut du fermier Polonais qui lui avait sauvé la vie, les chaines et entraves qu’il avait brisé trois décennies plus tôt, lors d’un voyage sur le site de Chelmno pour le tournage de Shoah, avec Claude Lanzmann.
Après quelques hésitations, il en fit don à Yad Vashem.
Les Chaines brisées de Shimon Srebnik
« Cela ne lui fut pas aisé de se séparer de ses entraves, » précisa Yehudit Inbar, le directeur des musées à Yad Vashem, qui recueillit le témoignage de Srebnik.
Celui-ci avait quelques années auparavant témoigné au procès d’Eichmann, et il avait aussi assisté l’archéologue Polonais qui travailla sur le site de Chelmno aucours des vingt dernières années.
Inbar ajoutait : « C’était un homme très particulier, avec une histoire spéciale. »
Srebnik laisse sa femme, deux filles, cinq petits enfants et un arrière petit fils.
http://autourdelaliberte.blogspot.com/2006/09/le-dernier-survivant-de-chelmno.html?obref=outbrain
dimanche 8 mars 2009
Le Dernier Survivant de Chelmno!
Publié par lepolak à 10:27